Provenance

Les élevages spécialisés peuvent être :

  • des élevages d’animaux destinés spécifiquement aux établissements d’expérimentation (c’est le cas des élevages de chiens de Marshall BioResources),
  • des établissements qui élèvent eux-mêmes tout ou partie des animaux qu’ils utilisent.

En dehors des élevages spécialisés en expérimentation animale, les laboratoires peuvent obtenir des animaux de la part d’établissements non spécialisés, « sur la base d’éléments scientifiques dûment justifiés ».

Ces fournisseurs peuvent être des éleveurs d’animaux familiers ou d’animaux de rente, mais aussi des zoos, des aquariums ou d’autres sources non identifiées dans les documents publiés.

Certains animaux utilisés en expérimentation animale (notamment les « autres » rongeurs, mammifères, oiseaux et poissons) peuvent être capturés à l’état sauvage, notamment par piégeage ou pêche électrique.

En ce qui concerne les primates, l’utilisation d’individus capturés est interdite aujourd’hui dans l’Union européenne, mais les élevages en Afrique (île Maurice) ou en Asie (Indonésie, Vietnam, Cambodge), qui fournissent les laboratoires français, capturent régulièrement des primates sauvages pour entretenir leur stock de reproducteurs.

Types de recherches

Les mentions de l’éthologie peuvent surprendre quand on parle d’expérimentation animale. En effet, l’éthologie de terrain (tels que les travaux révolutionnaires de Jane Goodall sur les grands singes dans les années 60) n’a rien de commun avec l’expérimentation animale : les animaux n’y sont pas captifs et n’y subissent pas de souffrances et de stress de la part des éthologues. En revanche, l’éthologie expérimentale utilise parfois des animaux détenus dans les laboratoires ou des animaux capturés dans la nature en les mettant dans des situations stressantes ou douloureuses afin d’étudier leur comportement.

Ces pratiques font bien partie du cadre légal de l’expérimentation animale et sont donc décomptées dans les statistiques du ministère. Cependant, elles sont mélangées, au sein de la sous-catégorie « Éthologie / comportement animal / biologie animale » (dans la catégorie « Recherche fondamentale »), notamment avec des expériences étudiant la biologie des animaux « de rente » et les oiseaux et poissons élevés ou pêchés pour être mangés, et avec des expériences impliquant d’implanter des dispositifs de suivi à des animaux capturés puis relâchés (ce qui génère un stress et une douleur, même légère). Il est donc difficile de distinguer ces pratiques dans les chiffres.

La recherche fondamentale consiste à étudier un principe ou un fonctionnement sans perspective d’application directe, mais avec pour but le développement de nouvelles connaissances à la disposition des scientifiques pour de futures recherches appliquées.

Il s’agit par exemple de mieux comprendre le fonctionnement des intestins sains ou rendus malades, d’étudier les mécanismes comportementaux de l’addiction induite, ou de cerner la fonction de différents gènes en les manipulant.

La recherche « translationnelle ou appliquée » consiste à étudier un sujet dans la perspective de développer ou de tester un produit ou une procédure applicable.

Il s’agit par exemple de mesurer précisément l’activité d’une structure cérébrale lors de l’exposition à certaines substances ou médicaments, de tester la réaction d’une espèce à différentes conditions de détention, ou de pré-tester l’efficacité d’un vaccin sur des animaux rendus malades.

La toxicologie réglementaire regroupe tous les tests imposés par différentes réglementations pour préparer la mise sur le marché des produits tels que les médicaments, les appareils à usage médical, les pesticides, les plastiques et autres substances chimiques (dont certains ingrédients cosmétiques), et ainsi de suite.

La production de routine consiste à utiliser les animaux comme des usines biologiques, en leur prélevant du sang ou d’autres sécrétions corporelles, ou en leur injectant des substances nocives à divers degrés afin de leur faire produire d’autres cellules ou substances (souches de virus, anticorps monoclonaux, etc.) qui seront prélevées.

Outre l’enseignement supérieur en biologie et en médecine vétérinaire, des animaux sont utilisés dans la formation initiale des personnes se destinant à travailler dans le milieu de l’expérimentation animale (réalisée dans des lycées agricoles et des universités) et dans leur formation continue aux gestes techniques (réalisée dans des établissements spécialisés ou au sein des laboratoires qui les emploient).

L’appellation complète « Protection de l’environnement naturel dans l’intérêt de la santé ou du bien-être de l’homme ou de l’animal » permet de mieux cerner l’intégration de ce type de recherches parmi l’expérimentation animale.

Cette catégorie inclut en effet des recherches sur les maladies transmissibles des animaux sauvages à l’espèce humaine et sur l’impact du changement climatique sur les animaux.

Les recherches sur la conservation des espèces sont variées, entre le suivi des populations et l’étude des maladies des espèces concernées. Elles privilégient l’entité abstraite qu’est l’espèce au détriment des intérêts des individus sentients qui composent cette espèce.

Les recherches médico-légales servent à informer la médecine légale, par exemple en fournissant des tableaux de vitesse de cicatrisation post-mortem. L’utilisation d’animaux pour ces recherches est très rare et on n’en trouve aucun exemple précis dans les documents français disponibles.

Niveaux de souffrance

Lors de leur demande d’autorisation, les projets d’expérimentation animale indiquent le niveau de souffrance et/ou de stress maximum auquel les animaux seront soumis. Des exemples de projets français approuvés récemment sont disponibles sous les graphiques concernant les souffrances et les types de recherches.

La réglementation fournit notamment comme exemples de procédures « légères » les imageries non invasives type IRM, les biopsies superficielles, les injections et gavages de produits sans effet très néfaste, la création d’animaux génétiquement modifiés sans que cela les fasse souffrir, ou l’isolement d’animaux sociaux en cage individuelle sur de courtes durées.

La réglementation fournit notamment comme exemples de procédures « modérées » les chirurgies sous anesthésie type craniotomie ou thoracotomie, les tests de toxicité aiguë ou chronique qui ne vont pas jusqu’à la mort de l’animal, l’irradiation dont les effets négatifs ne durent pas plus de cinq jours, la création d’animaux génétiquement modifiés par chirurgie ou l’isolement d’animaux sociaux pendant des périodes pouvant s’étendre jusqu’à cinq jours.

La réglementation fournit notamment comme exemples de procédures « sévères » les tests de toxicité susceptibles d’entrainer la mort de l’animal et des souffrances importantes, les chirurgies sous anesthésie type fractures ou induction de défaillances d’organes, la création d’animaux dont la modification génétique induit des souffrances importantes ou l’utilisation de chocs électriques auxquels les animaux ne peuvent pas se soustraire.

Les procédures « sans réveil » correspondent à la réalisation d’expériences sur des animaux mis sous anesthésie générale et tués avant de se réveiller de l’anesthésie. Ce peuvent être notamment des tests de techniques chirurgicales, des formations de personnel à des gestes techniques ou des tests qui seraient particulièrement douloureux hors anesthésie générale.

Statut génétique

Contrairement au génotype qui définit l’identité génétique d’un individu, le phénotype correspond à la manifestation de ce génotype associé à l’environnement de l’individu, à une échelle observable (cellules, organes, comportement…).

Par exemple, en expérimentation animale, la désactivation de certains gènes (génotype) peut faciliter l’apparition de tumeurs chez les animaux modifiés ou réduire leur rejet de cellules étrangères (phénotype).

Alors que les animaux génétiquement modifiés utilisés dans des expériences sont déclarés dans la catégorie des expériences concernées, certains animaux génétiquement modifiés sont utilisés uniquement comme reproducteurs pour maintenir le stock d’une souche spécifique.

Si leur modification génétique génère des souffrances, ils sont déclarés comme servant à la création et au maintien des lignées d’animaux génétiquement modifiés.

En revanche, si leur modification génétique ne génère pas de souffrance en elle-même, alors ces animaux ne sont pas déclarés dans les statistiques d’utilisation annuelle.

Le système CRISPR-Cas9 est un outil d’édition du génome développé depuis 2012, qui utilise un ARN guide pour trouver une séquence d’ADN cible et la découper grâce à l’enzyme Cas9, dans le but d’inactiver un gène ou de remplacer la séquence d’ADN par une autre.

La transgénèse est une forme de modification génétique par remplacement de gènes au sein d’un organisme vivant, par exemple par la technique CRISPR-Cas9.

La mutagénèse est une forme de modification génétique qui consiste à générer des mutations des gènes d’un organisme vivant en l’exposant à des agents mutagènes (molécules diverses, radiations…) qui peuvent remplacer un gène, perturber le décodage de l’ADN ou l’endommager pour en bloquer la réplication.

Pratiques

La réglementation définit des normes minimales à respecter concernant les conditions d’ambiance des lieux de détention des animaux (température, hygrométrie…), la possibilité ou non de les isoler, et la taille des cages où ils devront passer leur vie.

Ces normes ont progressivement augmenté à la fin du 20e siècle, mais restent particulièrement faibles.

La formation des vétérinaires implique souvent la réalisation des actes techniques (chirurgies, prélèvements, contentions…) sur des animaux « expérimentaux » avant de les réaliser sur des animaux amenés en clinique vétérinaire.

Au-delà de la formation, les médicaments vétérinaires et autres actes chirurgicaux sont développés et testés sur des animaux sains qui n’en ont pas besoin mais qui ont eu la malchance de naitre ou d’être envoyés dans un laboratoire, ce qui est fondamentalement injuste.

La zootechnie est l’étude des conditions et des méthodes d’élevage des animaux. Elle concerne en particulier les animaux exploités pour leur chair, leur lait ou leurs œufs, généralement dans un but de rentabilité des élevages.

Ces élevages n’étant pas nécessaires pour alimenter la population, les expérimentations animales en zootechnie devraient, par définition, être illégales.

Le test de nage forcée consiste à plonger un rongeur dans un bocal rempli d’eau tiède et à mesurer pendant cinq ou six minutes la proportion de temps qu’il passe immobile pour économiser son énergie et la proportion de temps qu’il passe à nager désespérément pour tenter de s’échapper du bocal sans savoir s’il pourra en sortir un jour. Le but est de prédire l’efficacité antidépressive de molécules.

Ce test implique un stress important pour les animaux concernés, notamment quand ils sont rendus dépressifs à coups de chocs électriques. De nombreuses entreprises et universités y ont donc mis fin.

Les tests pyrogènes consistent à injecter une substance à des lapins et à mesurer l’apparition de fièvre. Une alternative non animale est validée et incluse dans la Pharmacopée européenne depuis 2009.

Pourtant, alors que le nombre de lapins utilisés pour ces tests dans l’Union européenne a diminué d’un tiers entre 2015 et 2019, la France en a utilisé de plus en plus sur cette période.

Les animaux sont parfois utilisés comme des bioréacteurs permettant de produire des anticorps, du sang et des cellules. Pour les anticorps, cette utilisation a été largement remise en cause par le Centre européen pour la validation des méthodes alternatives (ECVAM) en 2020, en particulier en ce qui concerne la production d’anticorps monoclonaux par la méthode douloureuse de l’ascite.

La France utilise pourtant toujours massivement cette méthode – une exception en Europe.